jeudi, juin 09, 2005

Dieu existe, d'un certain point de vue...

Vous vous souvenez de ce film ridicule appelé "Ridicule". Ouais c'est un peu facile mais vas-y, fait un blog avec beaucoup de bons jeux de mots dedans et on en reparle ! Bon, donc, c'est un film de Patrice Leconte, celui qui reproche aux critiques de cinéma de dire du mal de films vachement bien et surtout les siens, qui sont nuls (sauf Tandem !). Mon plus beaux souvenir de films nul au cinéma, c'est à dire en payant, c'est un de ses films. Mais dans "Ridicule", qui n'est pas le plus mauvais mais pas le moins nul pour autant, il y a une scène qui, à elle seule, sauve presque tout le film.

L'action se situe à Versailles. Louis XIV assiste, avec toute sa cour, à une sorte de prêche exaltée de Bernard Giraudeau , qui joue le rôle d'un évêque. A la fin de son discours il termine par la phrase suivante :

- " ...Et c'est la preuve que Dieu existe ! ".

Là, le roi applaudi vigoureusement, imité par toute sa coure, c'est un franc succès. A ce moment, Bernard Giraudeau, grisé par le succès et emporté dans son élan lance :

-" Et je peux vous refaire toute une démonstration qui vous prouvera exactement le contraire ! ".

Cette fois, silence. Toute l'assistance se tourne vers le roi. Celui ci, interloqué, se demande manifestement quoi penser de cette dernière affirmation. Après quelques secondes d'immobilité, il se lève, quitte la salle sans un mot, suivit par le reste de l'assemblée. A cet instant, Bernard Giraudeau, la mine défaite, comprend qu'il vient de perdre sa place à la cour du Roi, victime de son amour de la rhétorique et de lui-même.

J'ai repensé à cette scène en écoutant François Hollande sur France culture il y a deux semaines. C'était trois jours avant le scrutin. Après de nombreuses semaines de campagne à argumenter en faveur d'un traité invendable, François a fini par oublier le sens même d'une campagne électorale. Ou alors, il a du penser que personne n'écoute Franc Cu et qu' il pouvait parler comme si il était avec des militants socialistes au coin d'une buvette dans l'arrière court d'un meeting.

Il nous annonce que si Chirac avait mis son mandat de président dans la balance à l'occasion de ce référendum, le parti socialiste aurait invité à voter "non" au TCE. Le journaliste surpris, un peu comme Louis XIV tout à l'heure, l'a même interrompu pour lui demander de bien préciser sa pensée. S'en est suivi une tentative de rattrapage un peu pathétique, comme si une lumière rouge s'était mise à clignoter sur le tableau de bord du cerveau du premier secrétaire avec écrit dessous "EXCES DE SINCERITE". Je vous résume : en fait Chirac ne remet pas son mandat en jeux, donc la question ne se pose pas. Et voilà, circulez y a rien à voir !

Le problème c'est que ça c'est vu. Et pourtant l'information n'a pas été beaucoup reprise dans les médias.

Avoir défendu le TCE avec tant de véhémence, dramatisant les enjeux à l'excès, traitant les opposants de tout les noms, pour finir par admettre qu'il ne s'agissait que d'un pur calcul stratégique et qu'il aurait pu défendre une position tout à fait différente...
Je sais pas mais moi ça me pose problème. Oui bien sur, il faut pas être naif, c'est comme ça la politique, pour accéder au pouvoir il faut supporter un certain nombre de compromissions et faire preuve de beaucoup de cynisme.

On peut raisonablement l'affirmer, le PS pense aussi que le TCE est nul. Mais en terme de stratégie politique c'est un détail. C'est comme Bernard Giraudeau. Que dieu existe ou pas, c'est pas le problème. Le truc qu'est cool c'est d'être courtisan et de pouvoir faire le malin.

On a trop parlé de stratégie lors de cette campagne. Il fallait voter pour un texte pas bandant parce que stratégiquement, c'était la meilleure manière d'avoir mieux ensuite. Parce que le rapport de force n'était pas en faveur de la gauche ou de la france ou de je ne sais quoi d’autre ! Pour finir hollande nous sort l'ultime argument de fin de campagne, un peu pitoyable, mais logique par rapport au reste du discours tenu depuis le début.

" Et je peux vous refaire toute une campagne électorale qui vous prouvera exactement le contraire !"


Vas y François, t'es le meilleur !