jeudi, juin 02, 2005

René Rémond me prend pour un con !



Je ressentais dès le 30 mai dernier, une sorte de nostalgie, rapport à la fin de la campagne référendaire. Juste quand on commençait à bien s'amuser ! Cet état psychologique n'a pas duré, c'est encore plus drôle de lire et d'entendre aujourd'hui les commentaires affligés des "perdants".

Palme d'or pour Serge de libé, grâce à son éditorial de lundi dernier. C'est plus les plombs qui pètent c'est carrément l'armoire à disjoncteurs qui prend feu ! Bon, ça devait finir par se voir un jour ou l'autre, le gros barbu de la télé, rendu bien sympathique à une époque par les guignols (souvenez vous de la petite poire...), est un has-been finit. Après Danny, voici un autre pilier de mai 68 qui se lézarde sous le poids de ses pitoyables retournements de veste. Ca fait longtemps remarque. Mais, je suis toujours surpris.

Mais celui qui est bien parti pour la palme de la meilleure interprétation masculine, c'est René, invité sur France cu le 2 juin dans" les matins". Plié en deux pendant l'interview, j'ai failli me mordre une couille.

René est vieux. Né en 1918, t'imagine ! Je me souviens de sa tronche dans La Croix. Bin oui, chez moi on lit La Croix depuis toujours, ça marque. Genre institution intellectuelle, René s'impose comme une sorte de référence morale et neutre. C'est un peu comme Delors, crédibilité renforcée par le côté catho. C'est du moins comme ça que je l'ai toujours considéré sans jamais vraiment m'intéresser à ce qu'il dit.

Dommage, j'ai raté des trucs.

Regarde comme il est beau dans son costume d'académicien ! La classe ! Il est tout fièro. On dirait un vieux dandy qui veut pas vieillir. Et c'est le même qui veut imposer aux jeunes adolescentes musulmanes un code vestimentaire. Pas de foulard à l'école ! Il s'est vu, lui, avec ses dorures ! Souvenez-vous, il était à la tête de la commission qui nous a pondu ces lois censées protéger la laïcité.

Enfin bref, on a eu le droit sur france cu à une tentative d'explication du vote non par René. René était pour le "oui", bien sur. Il ne s'en remet pas. Il ne lui reste plus qu'à nous ressortir des arguments qui sentent le vieux, le mité. Se sera difficile pour les plus jeunes de saisir toutes les références historiques mais il s'adresse sans doute à ceux qui ont voté oui, âgés en majorité de plus de 60 ans...

Le traité était très bon. Si le référendum est perdu c'est forcément le peuple qui déconne. Pourtant, devant l'effort évident fait par bons nombres d'électeurs pour se forger une opinion, et le bon chiffre de la participation, difficile d'argumenter sur le ton du "ils n'y comprennent rien, ils sont nuls". Pourtant il essaye quand même, à la surprise de Nicolas Demorand, le journaliste, qui pourtant n'était pas, jusqu'ici, un défenseur du non.

Voici la retranscription intégrale d'un passage de cet entretien.

René Rémond : -... Nous avons voté contre la déclaration des droits dimanche dernier. C'est incroyable quand même !

Nicolas Demorand: - Alors si je vous comprends bien René Rémond les peuples ont tord.

René Rémond :- Non mais euhhh..

Nicolas Demorand :- Non parce que c'est ce qu'on entend...

René Rémond :- euhhh...Le vote a eu tord (?). euhh... Mais ils n'ont pas été éclairés et qu'il y a eu carence...

Nicolas Demorand : - ...C'est ce que dit toute la presse, Anne Coudin le citait, voilà...

René Rémond :- ...carence des formations politiques, responsabilité des gouvernants, euhh le contraste, euhhh, j'incriminerais pas... Les citoyens se sont intéressés parce que ce qui a été positif c'est qu'effectivement cela a révélé que euhh... Il est faux de dire que les Français ne s'intéressent pas à la politique. Ils ne s'y intéressent pas si on ne sait pas la leur présenter. Mais quand une question grave est posée, dont ils conçoivent que l'enjeu concerne l'avenir du pays et que la solution dépend d'eux, ils s'intéressent. Des millions de citoyens ont lu la constitution, sont allé acheter la constitution...

Nicolas Demorand :- Mais justement, René Rémond, ils ont lu et ont voté en conscience "non".Donc voilà, c'est un fait majeur...

René Rémond :- Oui mais (bien obligé de le reconnaître!) parce que le débat même alors, le débat était mal centré, il a flotté (un débat flottant ? Tu sais ce que c'est toi ? Ca doit être comme une paire de couilles dans un calbut trop grand. Ca ballotte, mais c'est plus frais aussi. Enfin bon l'académie française ça rend un peu conceptuel...) en définitive, on a tout mélangé. En fait il aurait fallu se poser pour, pour, pour qu'il y ai eu un vrai débat il aurait fallu d'une part, que, que... ça, ça prouve que, que... (Le bégayement indique une certaine hésitation, et aussi un léger gâtisme, mais attention ça va venir, il va se lâcher...)Les Français n'ont pas de culture du débat, ils ne sont pas préparés à débattre, à la différence d'autres peuples(lesquels ? Mais quels sont donc ces peuples qui débattent mieux que nous ? Pour le savoir il faudra sans doute imposer le "débat" comme discipline olympique!). Ils ne savent pas distinguer entre le texte et le contexte ( Des abrutis j'vous dit !). C'était essentiel. Le contexte a en fait occulté le texte. Et en second lieu un référendum c'est une alternative. Par conséquent il n'y a que deux solutions. Il n'y a pas de tierce solution. Les français on voté pour une troisièmes solutions, qui n'existe pas et qui n'existera pas. Il aurait fallu choisir entre ce projet là et d'autre part le retour en arrière (si on avance pas on recule pas pour autant René, déconne pas..). Ors ils ont choisit entre ce projet là et une meilleure constitution. Et le principe de réalité ( Je m'interroge. Il s'agit sans doute du principe de réalité bien connu qui prouve que quand c'est réel c'est pas faux où un truc dans le genre, il peut pas non plus tout nous expliquer, il est académicien tout de même, il a autre chose à foutre...) montre bien qu'il n'y a aucune chance qu'il puisse y avoir une meilleure constitution ( C'est dommage qu'il explique pas tout de même parce qu'on aimerait bien savoir pourquoi.)

S'en suis la chronique d'Alain Gérard Slama, toujours très en forme, qui nous explique que partisan du oui et du non sont tous des vichyssois, mais les partisans du non un peut plus quand même.

Nicolas Demorand : -(De plus en plus inquiet par la tournure du débats)Même avec un certain nombre de précaution oratoire, et méthodologique on entend Vichy, on a entendu Munich, on a entendu Sedan, on a entendu Montoire... Est ce qu'il ne faut pas, quand même, raison garder René Rémond ?

René Rémond :- Il faut beaucoup de prudence dans les rapprochements (bin oui il y va un peut fort Slama). Ils peuvent êtres éclairants mais risques aussi d'égarer. Mais Munich euhh... Je suis tenté de dire que c'est aussi grave que Munich(ah bin non en fait la tentation était trop forte, le vote non c'est la porte ouverte au retour du fascisme, c'est évident !). Ca ne veux pas du tout dire que les motivations des électeurs ont fait d'eux des munichois... (va comprendre kekchose... ! ?)

Nicolas Demorand : - Il faut quand même le préciser.(Il commence à se sentir mal)

René Rémond :- ...ils ont même eu le sentiment, au contraire, d'êtres des résistants(Les cons !). Un homme politique à cru pouvoir dire que les partisans du "oui" étaient des collabos, ce qui me paraissait quand même... (oui c'est un peu abuser).Objectivement je ne suis pas sur qu'en définitive se ne soit pas le non qui était plutôt collaborateur(Et vlan ! Observez la logique. Quand il s'agit de qualifier les partisans du oui, il faut avoir une certaine retenue, par contre pour les partisans du non tous les coups sont permis), parce que l'on fait le jeux de l'Angleterre. Faut voir que c'est l'Europe britannique. (Fermez le tunnel, boycottez l'Apple pie !)
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Nicolas Demorand :- Mais sur tous ces termes justement, René Rémond, autre temps, autres termes, il faut tout de même comparer ce qui est comparable non ? (Soit raisonnable, monsieur, y quand même des gens qui écoutent !)

René Rémond :- Je crois qu'il y a tout de même une constante c'est le peuple français (Sous entendu, ça fait longtemps qu'il nous les casse, depuis l'occupation en fait...). Il est l'acteur de sa culture politique. On a beaucoup dit que c'était la révélation de la crise de la société française. On pourra y revenir plus tard. La disparité entre le comportement des agglomérations urbaines et les campagnes est à mon avis un des aspects les plus importants. Je crois que Paris a voté oui de plus des deux tiers alors que les départements ruraux ont voté non à plus de 70 %. Il y a donc une fracture entre deux france qui vivent à des régimes différents. C'est tout de même révélateurs de la culture politique, on y reviendra, notamment pour ce qui est la gauche et la droite. Mais plus généralement la façon dont les Français se jugent et situent leur pays par rapport aux autres. C'est d'ailleurs toujours difficile pour un pays de se situer dans la hiérarchie des autres, y a pas beaucoup de critères objectifs, j'en vois guère que deux ; C'est le nombre de prix Nobel et les jeux olympiques, en fait, qui permettent de juger assez objectivement. (Et la qualité des intellectuels, il a oublié.). Il reste que je trouve que...

Nicolas Demorand : - Là c'est vrai que bon... (On l'entend se marrer, c'est vrai que pour le coup on dirait de l'humour telement c'est con!) C’est pas nécessairement en notre faveur.

René Rémond :- Le non est révélateur de sentiments qui peuvent paraître contradictoires, d'une part il est clair que cela traduit une inquiétude et d'un doute des français sur eux même et sur leur pays et son aptitude à relever les défis, c'est la peur qui l'a emporté (Plus forte sans doute que la peur de l'argument du retour en arrière utilisé plus haut par René ainsi que par de nombreux politiques et journalistes pendant la campagne). Euh..L'ouverture on a peur que cela entraîne une baisse du niveau de vie, le dumping social... Il y a donc un réflexe de crispation ( l'électorat du non agit par réflexe, comme un animal, au lieu de réfléchir, tout le monde le sait bien !)de replis sur soit et ça rejoins ce que disait Alain Gérard Slama sur la France de Sedan. Un doute qui n'est pas du tout justifié objectivement. (De nouveaux le principe de réalité sans doute.). La France, ses réussites économiques (10% de chômage?), C’est, et même du simple point de vue démographique, (bravo René vaut mieux se concentrer sur le seul truc qui marche bien) c'est extraordinaire. La France est le seul pays qui assure le renouvellement de ses générations et qui augmente par le (...là j'ai pas bien compris il a du avaler un mot) naturel et l'on voit nos voisins dépérir, et même la Russie, (Hein ! ? La Russie quoi ?) par conséquent rien ne justifie cette morosité, c'est de l'ordre du psychodrame(Tu comprends les Français sont tous bon pour l'asile en fait, prosac pour tous !), A vrai dire, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas des français qui souffrent( Ceux qui écoutent france cu le matin par exemple), y a donc ce doute d'une part et d'autre part une espèce de morgue qui fait que nous avons raison contre le monde entier(T'as raison, vaut mieux avoir tord avec tout le monde). Si nous votons non, les 24 autres sont bien obligés d'en tenir compte. Ce n'est plus vrai... ( En d'autre terme la France ça vaut plus rien, on est qu'une bande de nazes, on a pas de Nobel, on est nul en sport et on ferait mieux de pas se faire remarquer...)

Nicolas Demorand : - (lui coupant la parole, parce qu'il a l'air de plus vouloir s'arrêter) C'est vrai qu'ils sont bien obligés tout de même enfin on va pas continuer ce débat, on doit donner la parole..

René Rémond :- ...insolence, doute et arrogance ! ( Des voyous, j'vous dis, même pas poli ! Au piquet !).

Nicolas Demorand : - Bon voilà on repartira la dessus, je doute donc je suis disait l'autre, il est 8 heures !

Générique du journal...(ouf ! )

Moi, j'espère qu'on va nous faire revoter comme certain l'on suggérés. Avec René et les autres aigris, le deuxième "non" battra peut être le record des Hollandais (62 %). Soit dit en passant, vous avez entendu les commentaires à propos du vote des Pays-Bas ? Ca ressemble à s'y m'éprendre aux justifications du "non" français. Ca remet en perspective l'acuité des analyses politiques vis à vis des pays étrangers. Et là c'est plus dur à vérifier. Je sais pas mais j'ai de plus en plus de doute sur toutes les infos en général.

En tout cas, si les journalistes étrangers demandent, comme c'est parfois le cas de la presse française, leur avis éclairé sur la question du vote "non" français, aux journalistes et intello français, j'vous raconte pas comment on doit se faire tailler le costard !! On va se faire une réput misérable.

Y aurait pas moyen de le placer quelque part le René. Une maison de repos tranquille à la campagne. En Corrèze par exemple avec son pote de l'Académie, Giscard, père de la constit. Ils pourront se faire des ma-jong. Ca nous reposera aussi.


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