mercredi, août 03, 2005

2ans ? Pourquoi pas perpette ?!

Non mais là j'en reviens pas !

Je suis con ou quoi ?

J'ai rien compris c'est ça ?

Une période d'essai c'est bien pour tester un salarié ? Je veux dire la manière dont il travail ? Est il ponctuel, souriant, dynamique, respectueux des règles et pour finir "travailleur" ! Et cela sur la durée, pas seulement le premier jour.

Non mais en fait c'est pas ça. Il n'y a pas un con, même de droite, qui peut soutenir qu'une telle période d'essais de 2 ans dans le cadre du "contrat nouvelle embauche" de Vilepin a pour fonction de tester le salarié. En deux ans t'as le temps de faire bonne impression, d'épouser la fille du patron, de lui laver sa caisse 75 fois, de faire des tas d'heures sup non payé mais aussi de se fâcher avec le meilleur client de la boite, de flinguer la caisse de fonction et de coucher avec la femme du même patron par erreur ! En bref, y a quand même une constance dans les rapports patrons/salariés, c'est que ça passe fatalement par des hauts et des bas. On s'engueule, on oublie, on se déteste un jour et on prend l'apéro le lendemain, c'est comme ça, c'est humain.

Ce qui emmerde pas mal de patrons en fait c'est que le salarié il peux dire merde mais pas lui.

Ben oui c'est con. Tu tombe sur un tordu des fois qui te pourri la vie. C'est vrai que ça agace. On connaît tous des histoires à ce niveau là et les prud' vont souvent dans le sens du salarié indélicat.

Mais des patrons tordus y en a aussi. Et là c'est plus que pourrir la vie.

Imagine, t'es patron. Tu veux sauter ta secrétaire, trop bonne pour être vrai, mais t'as que 2 mois de période d'essai. Pas sur que t'arrives à tes fins. La petite elle vient de commencer, elle a pas eu le temps de s'attacher, de prendre ses habitudes, et puis quoi ! elle teste aussi ! Elle veut peu être pas rester, elle habite loin tout ça... Et puis elle peut te faire croire que elle aussi n'attend que ça mais pas tout de suite et d'occasions ratées en rendez-vous manqués "PAF» Voilà t'y pas que la période d'essai de 2 mois se termine et t'as pas encore tiré ton coup !

Et la maintenant c'est plus difficile. Parce que la petite caille maintenant elle a l'droit de te renvoyer astiquer ton machin, à l'ancienne et à sec, sans craindre le licenciement sur le champs, non justifié !

Alors qu'en deux ans, gros malin....

T'as tout ton temps. Je dirai même qu'il joue pour toi.

Déjà, plus le temps passe dans un travail, plus c'est dur, psychologiquement et techniquement, de se faire virer. Ceux à qui c'est déjà arrivé savent de quoi je parle. La force de l'habitude c'est quelque chose. Et puis une fois que t'as aménagé dans un nouveaux quartier pas trop loin, que t'as dépassé un certain âge, tu as plus trop en vie d'aller voir ailleurs.

Surtout si aller voir ailleurs c'est en reprendre pour deux ans !

Ben oui ! T'avais pas pensé à ça. Le petit lot sur talons aiguille à quelques mois de la fin de sa période d'essai de deux ans je te dit pas comment elle va sourire chaque fois que tu la croise dans les couloirs. Tu va finir par croire que t'es beau, que tes problèmes d'haleine finalement c'était pas si grave ! D'ailleurs ça a l'air complètement finit !

Et quand tu t'apercevras que question sex-appeal, même si la bedaine et la calvitie ça le fait pas, une bonne pression sur l'air du "Un nouveau contrat de travail ailleurs c'est encore deux ans d'essais" devrait suffire à convaincre les plus réticentes question quéquettes à l'heure du goûter !

Et le problème se pose de la même manière pour toutes sortes d'abus en matière de droit du travail.

Vous me direz, c'est déjà le cas aujourd'hui avec les salariés qui cumulent, semaines après semaines, des contrats d'intérim dans la même boite.

Et bien pas tout à fait. Déjà en intérim tu touches une prime de précarité, et ça coûte plus cher à l'employeur, ce qui peut constituer un frein à l'utilisation de ce type de contrat. Et c'est plutôt bien qu'il y est un avantage financier à favoriser le CDI. Surtout, dans le contrat type Pinpin, y a l'illusion de l'embauche à la fin. Tu comprends. AU moins en intérim c'est clair. T'es là pour une semaine. On te fait rien miroiter. Même si dans la pratique ça se fait parfois. Ca n'a rien à voir avec le salarié qui attend un cdi, (pour diverses raisons ; besoin d'un prêt banquaire, recherche de stabilité...), et qui est prêt à faire n'importe quoi pour l'obtenir. Il aura une épée de Damoclès pendant deux ans.

En fait ce contrat va servir les petites entreprises qui ont (où sont censé avoir) peur d'embaucher, mais aussi et surtout, celles qui ont du mal à garder leur personnel, tellement elles payent mal et offrent des conditions de travail dégradées. Genre restauration,BTP. Parce qu'à chaque fois que l'envie te prend de dire merde à ton patron pour x ou y raisons il faudra se retaper les deux ans de période d'essais, dans le cadre d'un nouveau contrat dans une nouvelle entreprise, avant de pouvoir se pointer devant un banquier ou une agence immobilière avec un "vrai cdi" (c a d avec plus de deux ans d'ancienneté !). Ca fera réfléchir !

Le système ne peut fonctionner que s’il existe une certaine confiance. La précarité n'apporte rien à personne. Elle rend le consommateur timide, le salarié craintif peut enclin à l'initiative. L'employeur, c'est sur, peut adapter sa masse salariale plus facilement en cas de retournement de la conjoncture économique sur un marché donné. Le problèmes c'est quand tout le monde réajuste en même temps. Faciliter le licenciement c'est prendre le risque qu'un évènement quelconque, guerre, attentats, chute boursière, provoque une avalanche de licenciement de la par de patron qui se disent "Merde ça va déconner, les autres vont sûrement licencier je licencie aussi. Et paf, réaction en chaîne, on rentre dans la théorie des prophéties auto-réalisatrice.

En fait on essaye de des tresser le patron en stressant plus le salarié. C'est le premier qui emploi, donc... Le problèmes c'est qu'il n'a jamais été prouvé que précariser le salarié créait de l'emploi. On peut même assez facilement défendre l'hypothèse inverse. Depuis 20 ans qu'on détricote le droit du travail, j'ai pas vu l'emploi augmenter. Bien sur, on va me dire que c'est parce que l'on en a pas encore assez fait. Il reste des "réticences" des "blocages". C'est marrant les communistes dissait la même chose du temp de l'URSS. "Ca marche pas, parce que c'est pas encore vraiment du communisme!".

De toute façon le but n' est pas là.

En 1946, après la guerre, le constat était assez simple. Le patronat français, à 80%, avait collaboré avec l'ennemi. Les résistants étaient, assez majoritairement, communiste. Un certain rapport de force en découla qui, avec la peur des gouvernants d'une révolution à l'Ouest à la mode soviétique, permis aux salariés de connaître une amélioration sensible de leurs niveaux de vie que la seule croissance économique n'aurait pas apporté.

Manifestement certains ne s'en sont toujours pas remis, le chômage de masse est une bonne occasion de revenir en arrière sur tout. Et demain pourtant ce sera encore trop. Il y aura toujours trop de droit pour le salarié. Le but n'est pas de favoriser l'emploi, le plein emploi, c'est pas bon pour les profits parait-il (dixit un spécialiste de la bourse sur france-info. C'est de réduire sans cesse le pouvoir de nuisance des salariés. Mais bien sur on peut pas le dire. Le tout est d'arriver à faire croire que c'est dans l'intérêt des salariés.



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