jeudi, septembre 15, 2005

leçon d'économie une fois pour toute

Suite à un échange bien instructif avec un "interne-hôte" lors d'un récent poste je vous colle ce texte qui émane d'ATTAC (non ne fuyez pas tout de suite!) et qui a pour avantage de rappeler des idées de base basiques d'une simplicité vachement simple.

  1. On épargne trop
  2. On consomme pas assez
  3. C nul !




Isaac Johsua


Un rythme élevé de croissance de l'économie est encore le plus sûr moyen de créer des emplois. Quelles leçons pouvons-nous tirer, de ce point de vue, du modèle américain, alors que notre économie fait du sur-place ? Reagan avait expliqué qu'il fallait s'attaquer aux rigidités de l'offre, mais avait fait jouer un modèle de la demande,
par le biais d'un gigantesque déficit budgétaire. Egalement avocat du supply side, Bush Jr. a mis en réalité les Etats-Unis en régime de surconsommation permanente. La comparaison effectuée sous cet angle est du plus haut intérêt : aux Etats-Unis, la part de la consommation des ménages tourne autour de 70% du PIB ; en France, autour de 55%. Quinze points d'écart séparent les deux pays !

La consommation des ménages n'étant sujette, ni aux brutales fluctuations de l'investissement, ni aux incertitudes de l'exportation, elle peut fournir des assises solides pour l'expansion. Comment obtenir ce résultat en France, comment mobiliser la consommation privée, telle est la question centrale. Refuser d'imiter le modèle américain n'interdit pas de s'en inspirer. Et sur un point précis : le taux d'épargne des ménages. Ce taux (qui rapporte l'épargne des ménages à leur revenu disponible) oscille en France entre 15 et 17%, alors qu'en 2004 il est à 1,3% aux Etats-Unis. Si nous parvenions à réduire ce taux d'épargne de façon significative (sans aller évidemment jusqu'à l'insignifiance américaine), nous pourrions créer des conditions plus favorables pour l'expansion économique. L'enjeu est d'importance: en 2004 le rythme de croissance de la consommation des ménages français aurait été doublé si le taux d'épargne de ces derniers avait été réduit de trois points. Un tel glissement ne coûterait rien, alors qu'il faut s'endetter pour accroître une consommation publique qui, en France, compense la faiblesse de la consommation privée.

Pour y parvenir, il faudrait d'abord modifier en profondeur notre système fiscal. Celui-ci se montre particulièrement favorable à l'épargne et pèse lourdement sur la consommation, alors qu'il faudrait dissuader la première et encourager au contraire la seconde. Protéger l'épargne populaire est un impératif, mais la législation fiscale se montre bien accommodante avec l'assurance-vie, les PEA et autres PERP.
Les sociétés font peu d'épargne, peu d'investissements, mais distribuent beaucoup de dividendes à des ménages à la propension à épargner élevée. En taxant sévèrement les dividendes, en encourageant au contraire l'autofinancement de l'investissement productif, on soutiendrait l'activité et favoriserait la modernisation des entreprises.

Parallèlement à la réforme fiscale, il faudrait mettre en ¦uvre une véritable politique de distribution des revenus. Celle-ci, poussant dans le sens de hausses prioritaires des salaires bas et moyens, cherchant à réduire l'ouverture de l'éventail des revenus, favoriserait par ce fait même l'essor de la consommation. Ce qui implique aussi, soit dit au passage, de revenir sur les allègements successifs de
l'impôt sur le revenu qui ont été consentis ou qui sont programmés, car ils aboutissent au résultat inverse.

Mais, dira-t-on, si l'épargne est dissuadée, comment financer l'investissement ? Contrairement à ce qu'affirme le discours orthodoxe, réduire le taux d'épargne est certainement l'un des meilleurs moyens d'accroître l'investissement. En effet, les ménages continuent à dégager une importante capacité de financement mais celle-ci ne se traduit pas en montée de l'investissement des entreprises, faute de
perspectives favorables en ce qui concerne la demande anticipée par ces dernières. Cette capacité de financement couvre les déficits publics,
eux-mêmes dus, pour l'essentiel, à l'atonie de la conjoncture. Le redressement de la consommation et, dans la foulée, de l'investissement devrait gonfler les recettes des administrations publiques. Celles-ci seraient amenées à moins ponctionner une épargne des ménages rendue ainsi disponible pour les entreprises.

Par ailleurs, n'y a-t-il pas, dans une économie ouverte comme la nôtre,risque de détournement de la demande vers le reste du monde, entraînant un déséquilibre des échanges extérieurs, avec de maigres retombées pour la production et l'emploi ? Sans doute, mais quelle est la meilleure situation pour les entreprises nationales ? L'actuelle, avec des carnets de commande peu garnis et de sombres perspectives ? Ou se sentir soutenues par une demande à nouveau dynamique, quitte à ce qu'une partie de cette dernière produise ses effets à l'étranger ? Quant à l'épouvantail de 1981-82, si souvent agité, il a perdu de son sens : l'euro est une monnaie qui flotte et qui a au moins l'avantage de nous fournir un parapluie, parce qu'elle ne repose pas sur un seul pays mais s'adosse à une zone économique puissante.

Activer le moteur consommation implique la mise en ¦uvre de certaines politiques mais en exclut tout naturellement d'autres. Pour que les ménages se tournent franchement vers la consommation, le maître-mot doit être : rassurer. Il faut donc écarter toute mesure qui,entretenant la précarité, pousse ce faisant le taux d'épargne à la hausse. Le tout récent « contrat nouvelle embauche » est l'exemple même de ce qu'il ne faut pas faire. Il faut aussi renoncer aux départs à la retraite non remplacés dans la fonction publique, car comment redonner confiance aux ménages quand les actes démentent aussi ouvertement les paroles ? En un mot, il faut renoncer aux politiques d'inspiration libérale, entrer dans un modèle où, à la confiance retrouvée des
ménages répondrait l'optimisme des consommateurs, une expansion soutenue et des chances enfin raisonnables dans la bataille de l'emploi.

Isaac Johsua est économiste.

2 Comments:

At septembre 17, 2005 12:08 AM, Anonymous Anonyme said...

il est nul en économie ce Johsua, obliger les gens à ne plus épargner, mais s'ils le font, enfin ceux qui peuvent, c'est par peur du lendemain et du chômage, alors on est appelé à tourner en rond ( "ensemble" c'est mieux dixit Mélechon). D'ailleurs ne compter que sur la consommation intérieure pour relancer l'économie ça relève de l'utopie. Avec de telles théories on est mal parti, je ne suis pas un ultra libéral mais le coup des fonctionnaires (mal remplacer 1 sur 2) pour redonner la confiance alors là je rigole doucement.

 
At septembre 18, 2005 10:47 AM, Blogger el ryu said...

1. la raison pour laquelle les gens épargnent on s'en fout ce dont on parle c'est des effets pas de la cause.
2. ceci dit les gens qui épargne sont surtout ceux qui peuvent effectivement. Donc?...
3. On épargne quand on a atteint le niveaux de dépense permettant d'assouvir ces besoins, ou alors permettant d'atteindre un certain niveaux de confort. On épargne l'argent dont on a pas besoin dans l'immédiat.
4. On ne peut effectivement pas obliger les gens à ne plus épargner, il faut donc leur prélever une partie de ces ressources dont ils n'ont pas besoin afin de les rediriger vers ceux qui en ont besoin par l'intermédiaire de services publics supplémentaires, d'aides financières diverses ou de baisse de charges sur les bas salaires, il y a plein de possibilités...
5. Si les gens on peur de claquer leur tûnes alors il faut effectivement la leur taxer pour me la donner par exemple, moi j'ai pas peur....
6. Un fonctionnaire est un consommateur confiant en l'avenir qui consomme sans regarder.
7. Un certain niveau de'emplois fonctionnarisé apporte au marché intérieur un grand nombres de consommateurs qui auront toujours un certain niveau de dépenses quelques soit la conjoncture économique. Les banques ne s'y trompent pas dailleurs et prêtent toujours plus facilement aux fonctionnaires. Même chose quand tu veux louer un appart. Il n'ont pas peur du lendemain les fonctionnaires.
8. Un bon truc pour redonner la confiance aux gens : protéger les contrats de travail.
9. Je ne voit pas en quoi relancer l'économie par la consommation est une utopie ? c'est la base d'une économie de marché, d'un système d'échanges. Tu veux nationnaliser ? t'es communiste...?

 

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