Mais, dans ce bas monde, qu'est-ce qui n'est pas précaire ?

Je sais pas pourquoi mais les éditos de Ouest-France c'est un peu l'endroit ou des tas de vieux schnock viennent baver leur trop plein de bile.
Hier, vendredi, c'était le tour de (attention prend ta respiration! ) Henri Froment-Meurice. Déjà rien qu'au nom du gars on sent que ça va être vachement intéressant. Henri est énarque. Né en 1923 Henri n'a plus toute sa tête et écrit dans Ouest-France sur le même ton qu'il parle à son infirmière. Peut être que cette dernière l'enregistre à son insu sur un dictaphone, retranscrit et revend tout ça à Ouest-France qui croit que l'ancien ambassadeur est toujours en pleine possession de ses moyens alors que ça fait déjà des lustres qu'il se fait dessus dans un hôpital perdu en pleine campagne au fin fond d'une route bordée d'arbres sombres.
Je te laisse découvrir le début de l'article :
L'un des reproches majeurs faits au CPE est qu'il aggrave la précarité de l'emploi pour les jeunes. Mais, dans ce bas monde, qu'est-ce qui n'est pas précaire ?
À commencer par le bas monde lui-même. Les savants ne nous apprennent-ils pas que, si la galaxie Andromède venait à rencontrer la voie lactée, notre système solaire tout entier disparaîtrait et notre petite planète Terre avec lui ? Précaire aussi notre Humanité ! Entre les variations du climat, le réchauffement, les sécheresses, les tremblements de terre, les tsunamis, les épidémies, les risques possibles d'emploi d'armes nucléaires, biologiques, chimiques, l'existence durable de l'espèce humaine dans son ensemble est loin d'être assurée. Mais elle peut aussi disparaître peu à peu par simple extinction due à une démographie de plus en plus faible. Et l'homme lui-même, quoi de plus précaire ?
Quand Henri, descendant d'une grande famille d'orfèvre parisien, ambitionne de nous parler de la précarité ça devient tout de suite très profond, très philosophique, très... heuuu... Comment dirais-je ? Très con ! C'est du raisonnement en 3D ! Il part du CPE et atterrit dans la voie lactée, les étoiles. Encore plus fort que Parisot. Là il élargit à l'univers entier, à l'existence de tout, à la notion de néant, de rien du tout. Il se sont trompé dans le comptage des pilules. Doit nous faire une overdose de calmant.
"L'espèce humaine ?! Mais c'est du caca Madame ! On est rien du tout ! Rien du tout ! Mais pour qui elle se prend celle là !"
Tu vois ce que je veux dire hein ?! Ton Cpe là, on s'en tape. Les gars comme moi ils sont loin de ça. Non mais laisse tomber ton contrat de travail, là, pas la peine de lire les petites lignes en bas, regarde ! Regarde ! Là tu vois t'as la grande Ourse et là la galaxie machin. Regarde, regarde bien, tu vois là c'est la voie lactée, et puis on les voit pas mais il y a plein de trous noirs qui bouffent tout, c'est de l'antimatière tu vois. Tu sais ce que c'est l'antimatière hein ?! C'est un truc de fou l'antimatière, c'est encore un mystère pour la science mais on sait que ça existe. Genre tu rencontres ton antimatière à toi, t'es irrésistiblement attiré. Je dit bien i-r-é-s-i-s-t-i-b-l-e-m-e-n-t. Et "PAF!" T'explose carrément ! Ouais, ouais carrément. C'est complètement dingue et tu peux rien y faire c'est comme ça, c'est les lois de la nature. C'est de là que vient la précarité. La tienne et la mienne aussi hein ! Tous sur la même galère en fait. L'antimatière ! "Paf" ! C'est super précaire tout ça. Demain on finit tous dans un trou noir comme au fond d'un chiotte. De la merde. Super précaire. Ton contrat, tu le signes là, demain, il est avec toi au fond du chiotte. Faut pas se faire d'illusion ça va pas durer. Moi j'ai déjà tout vendu. Je me suis débarrassé de tout le superflu qui me servira à rien dans l'au-delà. L'eau de la chasse ! Tel que tu me vois j'ai plus rien ! J'suis à poil ! Ca sert à rien tout ça ! Je l'ai dit à ma femme. Vend tes bijoux, je lui ai dit, et puis cet été on passe les vacances dans la petite cabane au fond du jardin, comme quand j'avais 5 ans, chez ma mémé de normandie. Il est temps de s'y mettre. Soyons précaire ! Tous ensemble. Retrouvons les vrais valeurs d'autrefois, quand la vie était rude et précaire. On a finit par oublier. A une époque fallait courir àprès le mammouth pour survivre. Et puis ça court vite un mammouth. T'as vu "l'Age de Glace" ? Tu l'as vu ou pas ? Et bin tu l'as vu le mammouth comment qu'il court vite ? C'était encore pire que maintenant à l'époque. Y avait pas les supermarchés Mammouth. Ton bifteck fallait le gagner. Voilà c'est tout ce que je dis moi. Le CPE c'est rien à côté. Faut pas être terre à terre comme ça. La vie, tu vois, c'est un lombric qui fait le funambule sur un poil de cul de mammouth au bord d'un ravin où il y a plein de crocodiles au fond nourri rien qu'à l'Actimel.
Sans rire tu trouves que je délire ? Et bien lis la suite et tu verras que je suis très loin de la caricature.
À tout instant, la mort guette chacun de nous, par l'accident, la maladie. En politique, le pouvoir est de plus en plus précaire ; même les pires dictatures se mettent à trembler et, dans les démocraties, le pouvoir, si légitime qu'il soit, est à la merci de la rue. En économie, hier c'était le plein emploi, aujourd'hui c'est 10 % de chômeurs. N'est-ce pas, en vérité, la condition humaine qui est placée sous le signe de la précarité. N'est-ce pas, d'ailleurs, le sens profond de l'histoire d'Adam et Ève chassés du Paradis ?
Tu comprends ? Le "sens profond de l'histoire" c'est une salope qu'a voulu péter plus haut que son cul et qui voulait plus que le paradis qu'était pourtant très cool. Elle convoitait la pomme. Au lieu de rester peinard elle s'est laissé avoir par un serpent d'extrême gauche, anti-mondialiste, qui lui a fait croire que le paradis c'était pas assez bien et qu'elle méritait mieux. Adam et Eve ils avait un CPE à l'époque déjà. Du coup ils se sont fait virer sans qu'on leur dise pourquoi. Mais on sait bien pourquoi. Ils avaient qu'à rester peinard et ils auraient pas été emmerdé. Et bin maintenant voilà, on est tous dans la précarité et on est bien obligé de faire avec parce que de toutes façon quelque part c'est de notre faute. Et d'ailleurs c'est bien ce qu'il nous fait comprendre ensuite.
Contre cette précarité, nous essayons, certes, de nous prémunir autant que possible. En fonction des menaces probables, menaces que l'homme lui-même, d'ailleurs, ne cesse d'accroître par ses propres excès, digues, dispositifs antisismiques, paratonnerres, vaccins, assurances, retraites. À première vue, ces mesures produisent d'heureux effets : la population mondiale n'a cessé de s'accroître, l'espérance de vie de s'allonger, le niveau de vie moyen de s'élever. Mais, à y mieux regarder, il y a comme une sorte de course entre la montée des risques et la capacité à s'en prémunir, course qui est loin, très loin, d'être gagnée.
Donc on a fait des progrès en luttant contre cette nature malfaisante, appelée également, "le monde réel", mais cette lutte est vaine, car nous sommes des descendant d'une pécheresse, et la volonté de dieu de nous punir et plus forte. Mais de quoi on parlait au fait ? Ah oui ! D'emploi.
Mais l'emploi, l'emploi qui donne du travail, faut-il qu'il soit, lui aussi précaire ? Pendant des siècles et des siècles, il le fut et c'est seulement depuis peu que la société s'efforce de diminuer cette précarité. Cependant, il s'établit ainsi une sorte d'injustice au profit de ceux qui disposent d'un emploi garanti, comme les fonctionnaires ou les employés des services publics, et ceux qui acceptent ou subissent les aléas de la conjoncture économique.
Oh qu'il est malin le Froment-Meurice. La démonstration est implacable. Ceux qui ont essayé de se soustraire au jugement divin de dieu, les fonctionnaires, attisent la convoitise de ceux qui n'ont pas la chance d'être facteur, éboueur, infirmière, instit etc, etc. (A la limite il pourrait y avoir des tas de raison de vouloir supprimer ou diminuer le nombre de fonctionnaire, après tout pourquoi pas, ce qui est drôle c'est que celle invoqué par notre ami riri c'est la jalousie soi disant ressentie par ceux qui bossent dans le privé. Voilà une analyse très "scientifique". Et n'abordons surtout pas le sujet des pauvres jaloux des plus riches, c'est totalement démago!) Le raisonnement est d'un acuité redoutable. Par exemple, pour bien t'expliquer, sur le Titanic, le pire c'était quand même ceux qu'étaient dans la flotte en train de se les geler et qui voyaient s'éloigner les bateaux de sauvetages, disponibles en nombre insuffisant, avec à leur bord, ceux qui allait échapper à leur triste destin. Il aurait mieux valu qui n'y ai pas de bateaux de sauvetage du tout, ça aurait été plus cool pour tout le monde. Mais imaginons dans quelle situation se serait retrouvé les passagers si il y avait eu suffisamment de bateaux pour tout le monde.
Alors, tous fonctionnaires, tous « sous l'État » ? Ce serait la logique ultime de la disparition de la précarité. Mais ce serait aussi celle de l'apparition de l'État totalitaire. Le choix est là. À chacun, à chaque jeune de le faire.
T'as compris mon garçon ? L'état c'est l'enfer. Dieu est un libéral. Mais enfin c'est évident, relis la bible. Les marchands du temple, ils se sont fait virer mais c'est parce qu'il faisait de la concurrence faussé. C'était un cartel justement. Ils empêchaient d'autres marchand de venir vendre à bas prix. Le jeune là, qu'es tu veux ? Un gâteau au chocolat ou une tarte aux crôtes de nez ? Hein ?! Qu'es tu choisis ?
Espérons que sa réflexion ne procédera pas du lamentable et pervers préjugé selon lequel tout entrepreneur, tout patron est, par nature, un adversaire agissant de manière arbitraire. L'entrepreneur, le patron, lui aussi, est soumis à la précarité, celle de la conjoncture économique, de l'apparition soudaine de nouvelles technologies, de la montée en puissance de nouveaux concurrents, toutes menaces contre lesquelles il ne peut tenter de se prémunir qu'en ayant recours à des constants progrès de productivité, eux-mêmes liés à l'emploi d'une main-d'oeuvre de mieux en mieux qualifiée. Soumis, autant l'un que l'autre, à la précarité, l'employeur et son salarié ne peuvent l'affronter avec quelque chance de succès qu'en se faisant mutuellement confiance. Confiance ! Le mot clef !
Le patron c'est un gentil. Ne crois pas tout ce que l'on te raconte. Il est comme toi. Un patron n'agit jamais de manière arbitraire. Quand il te vire c'est que y a une bonne raison. Même si tu l'a connais pas la raison qu'est ce que ça peux faire de toute façon si c'est une bonne raison. Hein ? Lui aussi il a ses propres soucis alors viens pas l'emmerder. D'ailleurs c'est bien connu. Plus tu es dans une situation d'insécurité plus tu agis de manière logique et juste. Le patron est aussi un lombric en équilibre sur le poil de cul du mammouth. Il est dans la situation idéale pour prendre des décisions par arbitraire du tout parce que sinon il sait qu'il tombe et finit dans la gueule des crocodiles. Il va tout faire pour sauver sa peau et la tienne avec. Alors il se peut que dans certain cas il soit obligé de te sacrifier. Mais uniquement parce qu'il ne peux pas faire autrement. Comment ne pas lui faire confiance. Il a besoin de gens qualifiés. Si t'es qualifié il n'y a pas de problèmes. A toi de te rendre indispensable grâce au savoir que tu ne manqueras pas d'acquérir. Par exemple, tu es laveur de carreau. Il y a 10 milles manières de laver une vitre. C'est super dur en fait. Si tu regardes bien. Déjà il faut choisir le bon produit. Il y en a qui laisse plus de trace que d'autres. Bien connaître les produits ça se fait pas en un jour. Il y a plein de marques différentes. Certains professionnels les connaisse toutes. Ensuite c'est le dosage qu'est important. Si tu en met trop ça laisse des traces qui se voit au soleil. Si t'en met pas assez, ta vitre est pas bien dégraissée. Une fois que tu as acquis toute cette science tu crois quand même pas que ton employeur va se débarrasser de toi. Imagine si après tu part travailler pour un concurrent et que tu transmets à ce dernier tout les secrets que tu as appris. Tu veux que je te dise ? Les lois de la concurrence et de la précarité te protègent. C'est comme ça que ça marche. Tu dois avoir confiance. D'ailleurs tu vois bien qu'au bout du compte ça paye puisque ça fait déjà un bon paquet d'années que tu fais confiance aux dirigeants de ce pays et regarde où on est arrivé. On est obligé de revenir en arrière tellement c'est bien maintenant. C'est trop bien. Trop de progrès social. On est allé trop loin ! Tu te rends compte !
Ah oui ça fait pas appel à plus de 0.5% de nos capacités intellectuelles cet éditorial. Ca va pas beaucoup nous fatiguer. Le truc marrant c'est quand tu remplaces dans le texte le mot "précarité" par celui d'"insécurité". Parce que toute la logique de son raisonnement pourrai s'adapter parfaitement à un type qui voudrait défendre l'idée que l'"insécurité", (je parle ici de celle provoqué par la racaille des banlieux bien sur, les voleurs, violeurs, sodomisateurs, tueurs et toute la clique), c'est pas vraiment un problème et que lutter contre est inutile voir même contreproductif. Mais évidemment j'imagine qu'Henry a une tout autre manière de voir les choses à ce niveaux là. Voilà comment mettre en évidence le caractère totalement idéologique d'un raisonnement. Tu vois bien quand même que c'est un peu la fin d'un truc. Quand les mecs sont obligés de passer par des arguments aussi tirés par les cheveux c'est qu'il n'y a que la plus parfaite mauvaise foi qui le justifie.
Et tu sais quoi ? Je crois que je vais finir par m'abonner à Ouest-France. On se marre trop !
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